En attendant la fin absurde du monde

En attendant la fin absurde du monde est un titre qui peut paraître assez effrayant et donc, pas très commercial, mais ce titre pose la question essentielle soulevée par notre époque où, grâce aux avancées de la science et de la technique, nous savons désormais avec certitude que tout ce qui nous entoure aura une fin. L’univers, notre galaxie, le soleil, notre planète, la vie sur terre, tout est voué à disparaître, ce qui nous porte au-delà que la mort car, au bout du bout, c’est le vide qui nous attend. Rien ne subsistera sinon une poussière d’atomes. L’éternité qui longtemps a été notre compagne n’est plus de ce monde. 

Partant de cette cruelle réalité qui s’est dévoilée au cours des dernières décennies, nous sommes tenus d’admettre que l’absurdité borne notre existence individuelle et collective. Si tout ce qui témoigne de notre présence au monde doit être recouvert par l’oubli, quel sens accorder alors à cette existence et quel sens peut bien avoir l’Histoire que nous avons écrite ? 

Est interrogé également et nécessairement notre désir de prolonger l’expérience humaine, une question qui n’est pas simplement métaphysique, mais qui est cruciale depuis que l’homme détient le pouvoir de mettre lui-même un terme à son Histoire en déclenchant l’apocalypse nucléaire qui serait notre suicide collectif. Ceci nous invite plus que jamais à nous garder de nos pulsions et singulièrement de la pulsion de mort qui œuvre en nous consciemment et souterrainement. Mais peut-on vraiment entraver durablement ses pulsions ?

Voilà pourquoi un nouvel ordre mondial a été mis sur pied au lendemain de la dernière guerre, un ordre qui bannit la guerre de conquête, inaugurant une ère radicalement nouvelle au plan historique, anthropologique et psychologique, une ère que l’on peut qualifier de post-guerrière. Bien sûr, cela ne signifie pas la fin des conflits armés – et les dernières décennies en sont la démonstration -, mais cela signifie que les nations du monde renoncent à affirmer leur domination au moyen de la guerre ; cela signifie également qu’entre puissants – les pays détenteurs d’armes de destruction massives – l’on fasse tout pour éviter la montée aux extrêmes. C’est ce qui s’est passé durant la guerre froide et lorsque l’URSS s’est effondrée, et c’est ce qui se passe actuellement à propos du conflit ukrainien. Chacun a conscience que si une troisième guerre mondiale devait se produire, elle serait la dernière et qu’après, plus personne ne serait là pour en parler. C’est ce qui nous ramène à la raison quand les passions destructrices nous gagnent, c’est ce qui nous dissuade d’agir. Il serait doublement absurde d’anticiper la fin de l’humanité. 

Autre changement induit par l’ère post-guerrière, découlant de cette volonté d’échapper à la chronique d’une mort annoncée de l’humanité, la primauté accordée à l’argent quand, jusqu’alors, il revenait aux guerriers d’écrire l’histoire des peuples et des hommes. C’est un changement de paradigme qui met le glaive au service de l’argent (celui de la défense des intérêts économiques) quand, hier, ce dernier n’était que le nerf de la guerre. Ce changement de paradigme modifie la structure de notre société et donc nos repères ; il marque une rupture radicale avec l’Histoire qui ne peut plus servir de référence, et il impose un changement complet de nos valeurs quand notre désir et notre objectif ne sont plus de construire un monde meilleur pour les générations futures, mais la sauvegarde de ce qui existe. Notre monde est totalement conservateur tout en se donnant un vernis progressiste.

Tel est le thème de l’essai que je viens de publier sur Amazon en trois formats, l’un en numérique et deux en version papier – relié avec couverture cartonnée, et broché avec couverture souple.

En suivant ce lien, vous accédez à la page consacrée à cet ouvrage. Vous pourrez lire le résumé et les premières pages.

Dans les prochains articles de mon site, je posterai des extraits, morceaux choisis en fonction de l’actualité.

À BIENTÔT.